L’alimentation ancestrale, souvent appelée à tort « régime paléo », est un modèle alimentaire inspiré des habitudes alimentaires de nos ancêtres chasseurs-cueilleurs. Ces peuples se nourrissaient principalement de ce qu’ils pouvaient chasser, pêcher ou récolter, se basant sur des aliments bruts et donc non transformés. Aujourd’hui, la science reconsidère ce modèle alimentaire qui reconnait aujourd’hui qu’il apporte l’intégralité des nutriments indispensables à la femme enceinte ou allaitante mais également à leur bébé. Voyons dans le détail sur quoi repose cette alimentation et pourquoi elle pourrait bien être la meilleure façon de préparer l’arrivée de bébé.


L’alimentation ancestrale évoque un retour aux pratiques nutritionnelles fondamentales de nos ancêtres, mettant l’accent sur des aliments bruts, naturels et non transformés, parfaitement adaptés à notre physiologie d’Homo-Sapiens. En partant de ce constat, l’”hypothèse Paleo” soulève l’idée que ce modèle alimentaire qui nous a servi de base pendant la majeure partie de notre histoire, pourrait favoriser également la santé maternelle et infantile. Cette approche nutritionnelle, qui privilégie les aliments entiers et riches en nutriments essentiels, pourrait soutenir le développement normal du fœtus, favoriser une lactation complète et garantir une croissance optimale du nourrisson.

Découvrons ce modèle ensemble.

Une alimentation locale

L’alimentation ancestrale est, par définition, locale. Locale car nos ancêtres chasseurs-cueilleurs ne consommaient que des produits issus directement de leur activités quotidiennes. Nous parlons ici d’une époque débutant il y a 250 000 ans, au cours de laquelle il n’y avait aucun produit importé ou exotique, au sens « extérieur » au pays où nos ancêtres se trouvaient. Tout provenait et était prélevé à l’endroit où ils vivaient. Essentiellement nomade, et donc, conservant rarement les produits, la nourriture est fraîche et immédiatement consommée, majoritairement cuite ou bouillie. 

Cela dit, les techniques de fumage, de salage et de lactofermentation font également partie intégrante du modèle alimentaire ancestral. En effet, le crudivorisme, contre indiqué aux femmes enceintes, ne fait pas partie de l’alimentation ancestrale car nos intestins, peu adaptés à cette alimentation crue, ne peuvent métaboliser les nutriments présents dans les végétaux. Savoir bouillir, cuire, cuisiner et préparer ses aliments locaux et frais est une composante essentielle de cette alimentation. 

Consommer une nourriture locale, c’est donc garantir à son enfant une forme de cohérence entre l’endroit où il naît, grandit et évolue tout en limitant les incohérences nutritionnelles et géographiques. C’est aussi utiliser ses 5 sens au cours de la préparation des repas, ce que votre enfant intégrera dès la grossesse.

Une alimentation saisonnière

Saisonnière car si la nourriture est locale, sa disponibilité est également soumise aux variations saisonnières. Fruits et légumes abondent en été alors qu’ils se font extrêmement rares en hiver dans ce mode d’alimentation. Il est en effet assez courant chez les chasseurs-cueilleurs que les femmes tombent enceintes au moment où leurs réserves d’énergie (graisses corporelles en particulier) sont au plus haut, c’est-à-dire en automne.

Deux raisons simples à cela. Sur les phases printanières et estivales, les chasses sont plus nombreuses et plus fructueuses (dans la nature, les jeûnes animaux sont plus faciles à attraper) et les cueillettes plus abondantes.

Cette consommation calorique et la variété alimentaire accrue sur ces périodes permet un plus grand stockage d’énergie pour les femmes, nécessaire au développement de l’embryon. C’est également ces réserves qui offrent la garantie d’un meilleur lait et donc de meilleures défenses pour le bébé.

Mais le fait de tomber enceinte en automne, et donc un accouchement au printemps, offre de meilleures chances de survie au bébé, compte tenu d’une part des températures plus clémentes et d’autre part de l’abondance alimentaire.

Ces considérations naturelles font moins de sens aujourd’hui dans un contexte où l’alimentation glucidique est omniprésente tout au long de l’année et où les grossesses et accouchements se font dans un cadre offrant toutes les chances de survie aux bébés.

Pour autant, est-ce que cela reste logique et adapté d’un point de vue physiologique ? Rien n’est moins sûr. Les fluctuations hormonales varient de façon significative tout au long de l’année et dépendent étroitement des calories et de la typologie des nutriments ingérés. Il est donc fondamental, dans le contexte d’une grossesse harmonieuse, de consommer des produits de saison locaux et biologiques, au bon moment de l’année. Ce n’est pas un hasard si les femmes qui consomment beaucoup de glucides et dont la grossesse se produit tout au long de l’hiver, période à laquelle leur organisme est beaucoup moins sensible à l’insuline qu’en été, ont plus de risque de développer un diabète gestationnel…

De la même façon, l’alimentation ancestrale prévoit aussi que les glucides soient apportés plutôt en fin de journée qu’en début de journée (période de retour de chasse et cueillette). En effet, on sait aujourd’hui que les pics d’insuline, généralement associés à un repas, peuvent aussi évoluer en dehors de repas.

Par exemple, sachez que vous produisez une grande quantité d’insuline vers 5h du matin, en réponse à la libération naturelle de glucose et à la sécrétion d’adrénaline et de cortisol par l’organisme. Votre bébé peut donc être particulièrement actif à ce moment-là. Ce phénomène se nomme “Effet d’aube” et vous permet de vous réveiller et de vous maintenir alerte une fois debout.

Le même effet se produit pendant la nuit mais aussi et surtout en fin de journée, vers 19h / 19h30 afin de stimuler la prise alimentaire. Pour autant, comme l’insuline est une hormone jouant un rôle majeur dans le stockage des graisses, savoir répondre stratégiquement à ces pics insuliniques peut vous permettre de mieux gérer votre prise de poids au cours de la grossesse.

De la même façon, ces pics d’insuline naturels font que votre corps est plus sensible à l’insuline à ces moments précis.

Consommer les glucides en fin de journée permet de préparer bébé à un meilleur sommeil. En effet, la sérotonine, un neurotransmetteur impliqué dans la régulation de l’humeur, du sommeil et de l’appétit, est synthétisée à partir du tryptophane, un acide aminé présent dans certains aliments clés de l’alimentation ancestrale, comme les produits laitiers, les œufs, les noix, la viande rouge ou le poulet. Il se trouve que l’insuline favorise l’absorption de certains acides aminés mais inhibe celle du tryptophane. La concentration de celui-ci augmente donc dans notre corps en présence d’insuline et devient donc beaucoup plus disponible pour notre cerveau, où il peut être converti en sérotonine.

Une alimentation génétiquement appropriée

Génétiquement approprié car nos origines génétiques conditionnent la façon dont nous métabolisons les nutriments. Afin d’apporter tout ce dont votre enfant à besoin pendant la gestation, il est important que votre alimentation soit respectueuse du socle génétique dont vous faites partie. Il n’y a, pas exemple, aucune logique physiologique pour une femme d’origine génétique Nord Europénne de manger des ananas ou des mangues au coeur de l’hiver. De la même façon, les produits laitiers n’ont pas leur place dans l’alimentation de la femme asiatique. Cette incompatibilité se traduira par une plus forte prévalence des allergies de bébé.

Comprenez qu’il n’y pas de hasard dans l’alimentation ancestrale et que notre organisme, bien qu’ayant évolué, à conservé le patrimoine génétique de ce qui fut notre mode de vie pendant plusieurs centaines de milliers d’années. L’alimentation ancestrale est adaptée génétiquement et vous permet de garantir l’apport spécifique dont votre bébé à besoin.

Des nutriments indispensables

Vous vous demandez dès lors si ce modèle alimentaire couvrira tous les nutriments dont votre bébé et vous-même avez besoin ? A juste titre, les apports nutritionnels de l’alimentation ancestrale sont exceptionnels mais… sont-ils suffisants ?

Passons déjà en revue les nutriments indispensables à une grossesse harmonieuse.

Pendant la grossesse, voici les nutriments indispensables que vous devez apporter par l’alimentation: 

  • L’acide folique (vitamine B9). Il est vital pour la formation du tube neural et le développement du système nerveux. Les meilleures sources biodisponibles se trouvent dans les légumes verts feuillus (épinards, brocolis…), les agrumes et les avocats.
  • Du fer, nécessaire pour la formation des globules rouges et le transport de l’oxygène au différents tissus, nutriment crucial pour la croissance du fœtus. Il existe 2 types de fer :
    •  Le fer héminique, que l’on trouve majoritairement dans la viande rouge, le boudin et les abats
    • Le fer non héminique, que l’on trouve notamment dans les épinards, les noix et les graines de citrouille. Malheureusement, leur biodisponibilité est très limitée.
  • Du calcium car il aide à la formation des os et des dents du bébé, ainsi qu’au bon fonctionnement des muscles et du système nerveux. Au-delà des produits laitiers crus, généralement peu recommandés pendant la grossesse, les sardines, les huitres et le foie sont également d’excellentes sources de calcium.
  • de la Vitamine D : Celle-ci est essentielle pour garantir l’absorption du calcium (nécessaire au développement osseux) et au système immunitaire du futur bébé. Le foie de veau et de morue en sont très bien pourvus. L’huile de foie de morue exsudée du foie peut être bue avec le foie. Ne consommez pas d’huile de foie de morue toute prête souvent oxydée.
  • Des Oméga-3, qui, couplés à des apports suffisants en magnésium, sont essentiels pour le développement du cerveau et du système nerveux du fœtus. On est trouve dans la viande nourrie à l’herbe, les œufs, certaines noix et les poissons gras (hareng, maquereau, sardines…)
  • De la choline, précieuse qui joue un rôle crucial dans le la structure cellulaire, la fonction nerveuse, la santé hépatique, le développement cérébrale et la formation de l’ADN de bébé. Les œufs de poules élevées à l’herbe et en liberté sont l’aliment le plus riche en choline.
  • Beaucoup de protéines : Les acides aminés qu’elles apportent contribuent à la croissance cellulaire et au développement des tissus du fœtus. Elles doivent être apportées dans les bonnes proportions et majoritairement par les produits animaux qui contiennent les acides aminés suffisants, ce que n’offrent pas les protéines végétales. Visez 1,4 à 1,6g / kg / jour de protéines nettes à partir du deuxième trimestre.
  • De l’Iode : Encore un nutriment crucial pour le développement du cerveau et du système nerveux. Les huîtres sont le meilleur aliment possible pour se pourvoir en iode.
  • De la vitamine A : difficile à obtenir autrement que par l’alimentation, elle est très importante pour la croissance cellulaire, le développement des organes et de la vision. A nouveau, c’est dans les abats, et notamment dans le foie de morue, que l’on trouve les meilleures proportions.
  • De la vitamine C évidemment qui va aider à l’absorption du fer et au développement du tissu conjonctif. Les agrumes, les baies sauvages et les légumes d’été seront vos alliés pour obtenir tous les apports nécéssaires en Vitamine C
  • Du Zinc enfin qui joue un rôle clé dans la croissance cellulaire et le développement du système immunitaire. Les huîtres, le foie et de manière générale les produits animaux doivent être consommés quotidiennement pour garantir de bons apports en Zinc.

Comme vous pouvez le voir, en plus de calories suffisantes et d’un apport important en protéines, l’alimentation de la maman et du bébé doit comporter de multiples nutriments. Le modèle ancestral est le seul modèle à garantir un apport suffisant et de qualité de l’ensemble des vitamines, minéraux, acides aminés et oligo- éléments indispensables à la future maman ainsi qu’à son enfant.

En effet, loin d’être restrictif, l’alimentation ancestrale assure l’utilisation de l’ensemble de la matrice nutrionnelle ainsi qu’un apport limité en glucides. Elle fournit une source riche en nutriments essentiels, notamment des protéines, des graisses saines, des vitamines et des minéraux. Par exemple, les acides gras oméga-3, présents dans les poissons gras et les noix, sont cruciaux pour le développement cérébral, tandis que l’acide folique, présent dans les légumes à feuilles vertes et les légumineuses, est essentiel pour le développement fœtal.

Voyons plus en détail les aliments intégrés dans ce modèle alimentaire.

Une grande diversité alimentaire

Le régime ancestral se caractérise par une forte consommation d’aliments entiers et non transformés, tels que les fruits, les légumes, les noix, les graines et les protéines maigres. Il est pauvre en glucides raffinés, en produits laitiers et mauvaises graisses.

En plus de fournir des nutriments essentiels, le régime ancestral présente plusieurs autres avantages pour les bébés, les femmes enceintes et allaitantes. Il peut aider à réduire l’inflammation, favoriser la santé digestive et soutenir le système immunitaire de la maman et du bébé.

Voici quelques exemples concrets d’aliments inclus dans régime ancestral, extrêmement bénéfiques aux femmes enceintes et allaitantes :

  • Des protéines de qualités qui apportent l’intégralité des acides aminés cruciaux pour le développement du fœtus : Viandes blanches et rouges, abats, boudin, œufs, poissons, crustacés et fruits de mer.
  • Des légumes à feuilles vertes, comme les épinards, le chou frisé et les bettes, riches en acide folique et autres nutriments essentiels.
  • Des baies, comme les myrtilles, les fraises et les framboises, riches en antioxydants et en fibres.
  • Des noix et des graines, comme les amandes, les noix et les graines de chia, riches en graisses saines et en protéines.
  • Les poissons gras, comme le saumon et les sardines, riches en acides gras oméga-3.

En plus de fournir des nutriments essentiels, le régime ancestral présente plusieurs autres avantages pour les femmes enceintes et allaitantes. Il peut aider à :

  • Réduire l’inflammation car cette alimentation limite drastiquement la consommation de céréales, pro- inflammatoire et allergisants.
  • Favoriser la santé digestive en limitant les anti-nutriments présents dans les céréales et les légumineuses (lectine, acide phytique, oxalates, saponines…) et les sucres, très mauvais pour la flore intestinale.
  • Soutenir le système immunitaire car en plus de comporter des aliments riches en Zinc et en vitamine C, l’alimentation ancestrale limite les précurseurs de l’histamine (comme le soja, les céréales ou les produits laitiers), généralement impliqués dans le développement ultérieur d’allergies chez l’enfant.
  • Un autre élément clé de ce régime est qu’il limite les risques de diabète gestationnel. Par la quantité limitée de glucides que ce modèle alimentaire comporte, vous évitez une progressive insulino-résistance associée aux pics glycémiques trop fréquents et le plus souvent incontrôlés.

Si vous voulez vous lancer dans l’alimentation ancestrale

Ce modèle est soutenu par nos ancêtres depuis des millions d’années. Les céréales, consommées depuis seulement 11 000 ans et les produits laitiers, consommés depuis 6000 ans ne font pas et n’ont jamais fait partie de l’équation d’une grossesse harmonieuse et réussie ainsi que d’un développement normal de l’enfant. En revanche, les régimes végétaliens, véritable hérésie idéologique, ne font pas partie des modèles adaptés à la grossesse.

La science de la biochimie nutritionnelle nous révèle aujourd’hui pourquoi l’alimentation ancestrale est idéalement proportionnée.

Non, vous ne mangerez pas des tonnes de viandes, non vous ne serez jamais carencée sur ce modèle alimentaire et non, les céréales et les glucides ne sont pas une composante clé de la grossesse. Le cas échéant, l’humanité n’aurait jamais pu prospérer en Sibérie, au Népal et au Groenland où la consommation de glucides par les femmes enceintes et allaitantes est proche de 0. En revanche, les graisses et les protéines ont toujours fait partie de l’alimentation des femmes enceintes parmi tous les peuples du monde entier.

Ce n’est pas un hasard si les chasseurs Hadza conservent toujours la majeure partie de la viande et des abats aux femmes enceintes et allaitantes du village.

Ce modèle est également le seul a garantir une lactation et un équilibre en graisses, glucides et protéines parfait dans le lait de la femme allaitante. Encore une fois, les femmes ayant opté pour cette alimentation, même dans les contrées les plus reculées, ont toujours pu allaiter leur enfant (et même d’autres enfants du village), depuis la nuit des temps. Il n’y a pas de lait maternisé au soja au fin fond du Kalahari ou de l’Amazonie…

Rien n’a changé de nos jours et si vous souhaitez offrir les meilleures chances à votre bébé de grandir en pleine forme, misez sur l’alimentation ancestrale.

Bien évidemment, si vous hésitez à vous lancer seule dans l’alimentation ancestrale, je suis là pour vous conseiller et vous accompagner pas à pas tout en répondant à l’ensemble de vos questions pour vous et pour votre bébé.

Sources: