Qu’est-ce que l’acide phytique ?
L’acide phytique est un anti-nutriment que l’on trouve principalement, et en grande quantité, dans les céréales, les légumineuses, les graines oléagineuses et les noix. Il est est la principale forme de stockage du phosphore des organismes végétaux et donc essentiel à leur développement. A l’instar des polyphénols, des lectines, des saponines et des oxalates, il est aussi une forme de protection chimique extrêmement utile aux plantes pour ne pas être dévorée par les herbivores (ou par les humains…)
Comment agit l’acide phytique ?
L’acide phytique est également connu pour être un inhibiteur alimentaire qui chélate (absorbe) les micronutriments (les minéraux en particulier) contenus dans les autres aliments, en particulier le fer et le zinc des produits animaux. Cette chelation des nutriments les empêche d’être biodisponibles pour les animaux monogastriques, dont font partie les humains, du fait de l’absence d’une enzyme essentielle dans leur tube digestif : La phytase.
L’enzyme phytase est donc essentielle pour l’absorption de l’acide phytique. Sans elle, l’acide phytique, libre, va s’associer à d’autres nutriments et minéraux pour être transportée. L’acide phytique, à l’instar d’autres anti-nutriments comme les oxalates, a une préférence pour le calcium. Un régime faible en calcium va donc laisser l’acide phytique circuler et s’associer à d’autres minéraux, comme le fer pour être mieux absorbé. Dans le même temps, l’acide phytique va, lentement et progressivement, altérer le mince film de votre paroi intestinale et le dégrader, parfois de façon irréversible.
Comprenez que les enzymes sont des substances libérées pour permettre une meilleure digestibilité des nutriments. Notre organisme fabrique, par exemple, des lipases (pour la digestions des graisses), des protéases (pour la digestion des protéines) et, pour une partie d’entre nous, des amylases (pour la digestion des glucides). Une partie de la population mondiale possède également à l’âge adulte l’enzyme lactase, permettant la digestion du lactose contenu dans les produits laitiers. En revanche, les hommes ne disposons pas de l’enzyme phytase… Consommer des grandes quantités d’aliments riches en acide phytique n’est donc pas optimale voire totalement contre nature.
Du coup, l’acide phytique possède, non seulement, une fâcheuse tendance à nous faire mal au ventre, en détruisant progressivement notre paroi intestinale, mais bloque également la disponibilité de précieux minéraux…
Le lien entre acide phytique, malnutrition et pathologies
Etonnement, plus de la moitié de la population mondiale est touchée par la malnutrition et un tiers de cette même population mondiale souffre d’anémie et de carence en zinc, en particulier dans les pays en développement. En outre, ces carences sont les plus marquées dans les pays les plus consommateurs de céréales, de noix et de légumineuses, à l’instar de l’Asie, de l’Inde et de l’Afrique.
Les céréales étant facilement accessibles, faciles à conserver et beaucoup moins chers à produire, les pays pauvres en consomment énormément et de façon exponentielle si l’on prend en considération le facteur démographique.
Enfin, il a été démontré qu’une alimentation riche en acide phytique et pauvre en calcium entrainait une augmentation du risque de néphropathies, une augmentation de l’excrétion de phosphore (via les reins) et une diminution progressive de la masse osseuse. L’acide phytique aurait aussi pour impact de déstabiliser l’équilibre subtil entre phosphore et calcium permettant à nos reins de fonctionner correctement.
Quand vous mangez un bon steak de boeuf, c’est presque 30% du fer de contenu dans votre viande qui finit… aux toilettes.
Aussi, il est fortement déconseillé aux femmes enceintes et aux enfants de consommer de la viande rouge, des céréales et des produits laitiers dans le même repas. Le fer de la viande rouge est absorbé, dans l’intestin à la fois par l’acide phytique et à la fois par le calcium des produits laitiers. notons toutefois que l’organisme s’adapte à l’association entre calcium et fer au sein d’un même repas et que cette chelation à tendance à diminuer avec le temps. Mais ce n’est pas le cas de l’acide phytique.
Cette adaptation, nécessaire, explique également pour quelles raisons les maasai, gros consommateurs de lait de chèvre, de viande et de sang, n’ont pas de carence en fer ni en zinc. Il ne consomment pas ou très peu de céréales et sont dans une forme olympique.
D’ailleurs, même si nos ancêtres ont augmenté leur consommation de céréales depuis 12 000 ans, il est évident que celle-ci n’a jamais été aussi élevé qu’aujourd’hui.
Acide phytique, une protection contre le cancer ?
L’acide phytique n’est pas favorable même d’un point de vue xeno-hormétique. Contrairement à ce que certains pseudo-experts clament, il n’existe aucune preuve scientifique permettant de justifier que l’effet protecteur de l’acide phytique sur certains cancers ne soit pas plutôt du aux fibres des céréales complètes.
En l’occurence, la meilleure protection contre le cancer reste l’absorption de micro-nutriments, l’exercice physique, la vitamine D et le jeûne intermittent.
Comment diminuer les quantités d’acide phytique ?
Pour autant, si vous êtes fans des céréales, plusieurs méthodes ont été développées pour réduire la teneur en acide phytique des aliments et améliorer la qualité nutritive des céréales. Elles comprennent l’optimisation et la sélection génétique ainsi que plusieurs méthodes de prétraitement telles que la fermentation, le trempage, la germination et le traitement enzymatique des grains par l’enzyme phytase. La biofortification des cultures de base à l’aide de techniques biotechnologiques modernes peut également diminuer la quantité d’acide phytique.
Maintenant, faites-vous réellement confiance à un aliment que vous êtes obligé de manipuler génétiquement, de laisser tremper 24h, de faire fermer et de traiter chimiquement ? Ne pensez-vous pas que ces pratiques, aussi anciennes soient-elles, n’étaient pas justement destinées à digérer ces aliments faute de viande, de poisson, d’oeufs, de fromages au lait cru ou tout simplement… d’argent ?
En ce qui me concerne, même si je consomme les céréales de façon occasionnelle, et pour le plaisir, je préfère me concentrer sur les aliments simples, bruts, consommés depuis des centaines de milliers d’années, ayant un indice de satiété élevé, une charge glycémique faible et une très forte richesse nutritionnelle… Bref, tout l’inverse des aliments riches en acide phytique.