Certaines femmes m’ont souvent fait part d’un arrêt de leur règles pendant des jeûnes supérieurs à 48h. La même chose peut se produire également dans les premières semaine suivant le passage à un régime cétogène ou carnivore ou lors d’une perte de poids importante et rapide.
Ce mécanisme physiologique est normal et temporaire. Il est également sans danger et la raison en est simple.
Les hormones, la clé de la fécondité
Les règles correspondent à une période d’ovulation au cours de laquelle la femme devient particulièrement féconde et donc prête à avoir un enfant. Ce mécanisme existe depuis l’apparition des premiers hominidés et n’a pas changé depuis. Pour autant, l’apparition de la pilule contraceptive, même s’il à d’incontestables avantages sociaux et relationnels, modifie négativement le fonctionnement hormonal normal de la femme.
En effet, la pilule combinée (la plus utilisée) contient 2 hormones (1 œstrogène et 1 progestatif…) et qui ont 3 fonctions bien distinctes:
- Bloquer l’ovulation dans les ovaires
- Modifier l’endomètre de manière à ce qu’il devienne moins accueillant pour la nidation d’un œuf fécondé
- Épaissir la glaire cervicale pour empêcher les spermatozoïdes de traverser le col de l’utérus
Or, vous vous doutez bien que ces actions ne sont pas naturelles pour l’organisme. Sur la durée, la pilule, pris tout les jours, perturbe le fonctionnement normal de l’ovulation et agit de façon durable sur le système hormonal de la femme. La pilule ne bloque généralement pas les règles mais peut toutefois fortement perturber le cycle mensuel.
C’est précisément l’augmentation progressive des hormones (hormone folliculo-stimulante (FSH), oestrogène et progestérone et hormone lutéinisante (HL)) qui conditionnent l’ovulation et donc la capacité à procréer.
La pilule vient bloquer une partie de ces mécanismes pour empêcher l’ovulation, la fécondation et la nidation.
Et bien, lorsque vous jeûnez, vous modifiez également ce fonctionnement, mais de façon naturelle (et non chimique) et surtout, de façon temporaire, sans impacter votre organisme sur la durée.
L’effet du jeûne
Lorsque vous jeûnez, vous produisez diverses hormones (cortisol, noadrenaline, somatropine…) et diminuez la production d’autres (insuline, glucagon, IGF-1…). Vous stimulez, dans ce contexte hormonal, une voie métabolique indispensable à la régénération cellulaire nommée AMPK.
Cette voie métabolique stimule l’utilisation et la combustion des graisses corporelles. Si vous avez un poids normal ou si vous êtes musclée, cela ne posera aucun soucis et vous brûlerez vos graisses sans toucher à votre masse musculaire ni modifier l’utilisation des nutriments disponibles dans vos os, votre peau, vos muscles et vos différents organes (le glycogène par exemple). Votre capacité à ovuler et donc a avoir un enfant ne changera pas ou très peu même pendant le jeûne. Pour autant, je ne recommande généralement pas de tenter d’avoir un enfant tout en jeunant car votre libido a tendance a baisser après 24h de jeûne.
Mais si vous êtes maigre ou si vous avez une masse grasse trop basse, votre corps se met alors en « mode sécurité » c’est à dire qu’il va réserver et allouer les nutriments disponibles aux organes nobles et stopper la production de tout ce qui n’est pas indispensable au fonctionnement du métabolisme. En l’occurence, votre corps va considérer que faire un enfant alors que vous jeûnez et que vous ne disposez que de très peu de graisses corporelles n’est probablement pas la meilleure idée du siècle.
Vous allez alors stopper toute possibilité d’ovuler. Vos règles vont alors s’arrêter le temps de votre jeûne. Cela ne perturbera pas votre cycle car votre cerveau possède une mémoire (c’est le moins que l’on puisse dire) de la production hormonale. Le jeûne à cela de magique qu’il agit même comme un bouton « reset » pour vos cycles menstruels. C’est également pour cette raison que les femmes ayant des cycles irréguliers ou un SPM voit leur condition s’améliorer et de réguler avec le jeûne.
Ce mécanisme de sécurité peut s’activer même si vous ne jeûnez pas, dans le cadre d’un régime cétogène par exemple. Lorsque vous débutez ce régime, et que vous ne disposez pas de réserves de graisses suffisantes, votre corps ne dispose pas encore de la flexibilité métabolique suffisante pour passer de l’utilisation de glucose aux corps cétoniques.
En diminuant drastiquement l’utilisation du glucose, vous ne stimulez plus l’insuline qui à pour fonction de donner à votre corps le signal de stocker de la graisse (pour les jours difficiles…). Si votre corps ne produit pas de cétones à la place, votre corps ne comprend pas ce qui lui arrive et « bloque » la possibilité de faire un enfant.
Ce processus s’est mis en place pour une raison simple. Dans la nature, une femme n’ayant pas de réserves d’énergie suffisante (glucides ou corps cétoniques) ne pourra assurer la gestation et son bébé mourra. Le corps met donc en pause ce processus dans l’attente de jours meilleurs (le printemps généralement).
C’est également pour cette raison que les femmes d’origine génétique européenne sont plus fécondes en automne qu’au printemps.
Au Paléolithique, avec la graisse stockée en été (grâce aux glucides plus disponibles), les femmes pouvaient assurer une gestation harmonieuse tout l’hiver en particulier si les chasses étaient bonnes. La viande et les graisses plus disponibles en hiver offraient une bonne source d’énergie alternative aux glucides plus limités, leur corps ayant une parfaite flexibilité métabolique.
Cela explique aussi pourquoi certaines populations, bénéficiant d’un accès constant aux glucides ont des femmes plus fécondes (certains peuples d’ Afrique par exemple) que chez d’autres.
Comment stopper le processus ?
Le mécanisme de mise en sécurité de votre corps et le blocage de l’ovulation et des règles peut être résolu sois en stoppant votre jeûne, soit en mangeant quelques glucides, dans le cadre d’un régime cétogène ou carnivore.
Privilégiez le jeûne en dehors des périodes de règles.
Si vous êtes trop maigre ou avez une masse grasse trop basse, il est temps d’augmenter ces ratios et ne vous lancez pas tout de suite dans un régime cétogène ou carnivore….
Dans tout les cas, il est impératif de consulter votre gynécologue et votre médecin lorsque vos cycles sont perturbés et de leur parler du fait que vous jeûnez.