L’histoire humaine a toujours été gangrénée par différentes maladies car la maladie est une composante essentielle de notre physiologie.
Sans maladie, pas de réaction lymphocytaire et leucocytaire, pas de réponse immunitaire inné ou adaptative, pas de renforcement et pas d’évolution.
Maintenant, il est évident que la maladie doit trouver une réponse adaptée et ne pas entraîner une submersion du système immunitaire ni un égarement, comme dans le cas des maladies auto-immunes.
Pour autant, au regard des dernières études anthropologiques, les hommes du Paléolithique étaient globalement en meilleure santé qu’aujourd’hui. Leur force, leur endurance, leur taille moyenne et leur résistance aux maladies étaient intrinsèquement plus élevées que nous le sommes. Le changement marquant dans la santé humaine est apparu au Néolithique lors de la “révolution” agricole. Jared Diamond, auteur de nombreux ouvrages examinant notre voyage humain à travers le temps et, en particulier du très bon livre “Effondrements”, a déclaré :
« L’archéologie est en train de démolir une autre croyance sacrée : celle selon laquelle l’histoire de l’humanité au cours du dernier million d’années aurait été une longue suite de progrès alimentaires et industriels.Certaines découvertes récentes suggèrent que l’adoption de l’agriculture, supposée être notre étape la plus décisive vers une vie meilleure, a été à bien des égards une catastrophe humaine et sanitaire dont nous ne nous sommes jamais remis.
Avec l’agriculture sont apparus les inégalités sociales, la maladie et le despotisme, qui impactent toujours notre existence. Bien que nous vivions plus longtemps aujourd’hui qu’à tout autre moment de notre histoire, notre état de santé général est globalement inférieur et les maladies chroniques se propagent partout dans le monde de façon exponentielle malgré les technologies les plus innovantes et autres « progrès médicaux ».
Sommes-nous vraiment en bonne santé aujourd’hui ?
La plus importante de ces hypothèses est peut-être l’idée qu’avant l’agriculture, nos vies étaient brutales et courtes dans la totalité des populations humaines. Le mode de vie observé dans les groupes indigènes actuels indique pourtant une nuance.
Les chasseurs-cueilleurs d’aujourd’hui, comme les Kungs, Hadzas, Inuits et Massaïs jouissent d’une santé de fer, même tardivement dans leur vie et sont généralement à l’abri des épidémies de maladies chroniques qui frappent aujourd’hui la plupart de nos sociétés occidentales modernes. Mais pourtant, au Paléolithique l’espérance de vie était très faible à la naissance !
En effet, il faut bien décorreler l’espérance de vie à la naissance de la longévité, qui elle, se base sur la durée de vie réelle. En l’occurrence, la longévité de cette époque atteignait les 75 ans. Il faut donc bien comprendre que, malgré l’absence d’accès à l’eau potable et aux soins, la mortalité infantile extrêmement élevée, le risque majeur de maladies infectieuses (blessure infectée) ou de chute (chasse, migrations…), la santé des premiers hommes était parfaite. Il faut donc prendre en compte de façon systématique le taux de mortalité prématuré dans l’analyse de l’espérance de vie.
En l’occurrence, si nous lissons l’espérance de vie sur tous les pays d’Europe en prenant en compte le facteur de mortalité par maladie chronique (auto-immune), génétique ou virale et en ajustant la variable d’accès aux soins, nous avons une espérance de vie plus faible de 6 ans en 2020 qu’au Paléolithique !
« La mortalité par maladie était donc principalement d’origine infectieuse pendant la majeure partie de l’existence de l’homme. »
C’est au Néolithique que sont apparus de toutes nouvelles maladies, qui elles, étaient d’origine virale…. pour quelles raisons ?
Il y a 10 000 ans, au début du Néolithique, dans les régions situées entre l’actuelle Anatolie et l’Égypte, mais aussi dans le Sahara, en Chine, en Nouvelle-Guinée, en Amérique centrale et sur les hauts plateaux andins, les anciennes populations de chasseurs-cueilleurs apprirent à domestiquer les animaux et les plantes sauvages, produisant plus de nourriture qu’ils n’en consommaient immédiatement.
En quelques dizaines de siècles, rompant avec une tradition vieille de plusieurs millions d’années, les techniques agricoles envahirent la planète. Quelle fut la conséquence sanitaire de cette mutation sans précédent ? De nouvelles maladies frappèrent agriculteurs et agricultrices. C’est ce qu’étudie la Paléopathologie.
Les hommes ont cessé d’être nomades et se sont sédentarisés sur des sites productifs, généralement proches de points d’eau. Ils ont commencé à cultiver des céréales et des légumes et à élever des animaux plus dociles, plus riches en graisses mais aussi, chers à l’acquisition, plus gourmands et plus fragiles. Le fait d’élever des animaux et de ne plus chasser entraîne une dépendance à une autre source d’énergie que les hommes ont alors trouvé dans les plantes.
Or les plantes, au delà d’entraîner des positions anti-physiologiques (plié en 2 au dessus des champs) pour celui qui les cultive, ont également, pour TOUS les hommes, une biodisponibilité des nutriments beaucoup plus faible que les produits animaux.
Concentrer la grande majorité de son alimentation sur les produits végétaux entraîne inévitablement des carences nutritionnelles sur le long terme. En outre, les plantes cultivées et les animaux d’élevage (donc non sauvages) sont plus sensibles aux maladies et donc plus susceptibles de transmettre ces mêmes maladies aux hommes vivants à proximité. Le COVID-19 en est l’exemple marquant.
Et c’est précisément ce qu’il s’est passé. Parmi les maladies suspectées d’avoir été transmises des animaux aux humains lors de la révolution néolithique figurent la grippe, la variole, la rougeole, la lèpre, la tuberculose, notamment le mal de Pott, les infections par Brucella melitensis, les salmonelloses, le ténia, la typhoïde, le charbon et la syphilis. Mais les maladies augmentèrent partout dans le monde, notamment après l’établissement de l’Empire britannique en Afrique et en Inde, bien que ces zones eussent des maladies desquelles les Européens n’étaient pas immunisés.
En Inde, l’agriculture se développa durant le Néolithique, comprenant une grande variété d’animaux apprivoisés. Pendant la colonisation britannique, on estime que 23 millions de personnes moururent du choléra entre 1865 et 1949, et que des millions d’autres périrent de la peste, de la malaria, de la grippe et de la tuberculose. La colonisation européenne en Afrique, en Eurasie et aux caraïbes s’accompagna de grandes épidémies, incluant le paludisme et la maladie du sommeil.
Face à la mobilité croissante et à la densité de population de plus en plus importante, à l’urbanisation, à la détérioration de l’environnement et à des schémas d’irrigation, des maladies telles que la malaria se répandirent un peu partout.
Aujourd’hui, nous payons toujours un lourd tribu à notre proximité aux animaux et à notre dépendance à l’agriculture. Mais un autre facteur est venu s’ajouter à cette morbide équation : Le confort. En effet, les évolutions technologiques et l’émergence des classes moyennes dans de nombreux pays ont contribué à l’essor d’un nouveau type de pathologies dite “de confort”.
On ne peut le nier, les gens sont majoritairement en mauvaise santé et plusieurs raisons peuvent l’expliquer :
- Tout d’abord, l’alimentation des pays développés. Moins chère à produire, facile à consommer mais extrêmement pauvre en nutriment, peu satiétogène, trop riche en glucides et en mauvaises graisses végétales associées, notre alimentation sollicite excessivement et trop fréquemment l’insuline, entraînant à terme une insulino-résistance rampante. Mais cette alimentation est également le creuset d’un déséquilibre régulier de notre fonction mitochondriale. Nos cellules ne parvenant plus à gérer correctement leur renouvellement, s’encrassent. À terme, cet encrassement peut donner lieu à diverses dégénérescences cellulaires, dont le cancer.
- Le manque de mouvement et d’exercice physique. En effet, notre mode de vie actuel ne nous permet pas de bouger suffisamment au quotidien et le corps en paye le prix fort. Le manque d’exercice et les positions statiques au bureau ont exactement le même effet que la position courbé de nos ancêtres paysans.
- Le manque de thermogénèse. Le chauffage et la climatisation sont des tueurs discrets. Ils freinent les réactions physiologiques d’adaptation et fragilisent notre réaction immunitaire.
- Le manque de sommeil. Étroitement lié à nos rythmes circadiens, le sommeil est un facteur clé de la santé ou de la maladie. Dormir insuffisamment ou de façon irrégulière entraîne un certain nombre de pathologies aujourd’hui clairement identifiées par la science.
- La fonction respiratoire altérée. La majorité d’entre nous respire mal. Il est essentiel d’optimiser et de conserver une respiration complète à tout âge de la vie
- Les toxines et perturbateurs endocriniens. Présents autour de nous, ils contribuent à la dégénérescence cellulaire et perturbent durablement notre système endocrinien. Il est urgent de faire le tri dans notre environnement.Le manque de lumière solaire. Le travail en bureau, les appartements sombres, la rareté du travail en extérieur, entraînent une carence quasi totale des populations en vitamine D tout au long de l’année. Cette carence serait à l’origine de nombreuses pathologies virales et bactériennes, d’une certaine fragilité osseuse, de la dégénérescence maculaire, d’une baisse de la testostérone, de l’augmentation du diabète et même, de certains cancers.
Aujourd’hui, près d’un enfant sur cinq développera une pathologie auto-immune ou un diabète dans les 25 premières années de sa vie. Si nous ne faisons rien, les conditions de vie de nos petits deviendront un cataclysme sanitaire à l’âge adulte car ceux-ci n’auront pas le temps de développer une réponse immunitaire adaptée.
L’évolution des maladies correspond à un contexte donné. Génération après génération, les individus ayant développé une réponse immunitaire innée et un microbiote adapté au contexte dans lequel ils vivent, auront plus de chance de survie que ceux n’ayant pas eu le temps de s’adapter. Hors, cette évolution est favorable d’un point de vue reproductif mais rarement d’un point de vue “qualité de vie”.
Sur ce constat, le vaccin est un moyen simple de générer une adaptation immunitaire satisfaisante auprès d’une souche déterminée et pour une population donnée. Elle n’est pas une solution forcément adaptée à chaque individu, d’où la réponse organique parfois catastrophique à certains vaccins. Les vaccins ne sont donc pas mauvais ou bons en soi, ils permettent, à l’échelle statistique, de freiner la propagation d’une maladie.
Il faut donc bien analyser les vaccins qui fonctionnent de ceux n’ayant pas apporté de résultats significatifs à l’échelle statistique. Vacciner des petites filles contre les oreillons (ROR) pour protéger les petits garçons n’est, par exemple, pas forcément une bonne stratégie. Lutter contre la maladie doit d’abord passer par “le terrain” avant de passer par la solution vaccinale ou médicamenteuse.
Les solutions “court termistes” n’ont jamais été satisfaisantes pour un individu donné, uniquement d’un point de vue statistique.
En d’autres termes, l’émergence des maladies de civilisation est une réponse à des changements de mode de vie incompatibles avec notre physiologie actuelle. Nous payons aujourd’hui le prix fort au travers de nouvelles maladies, que les plus résistants de nos descendants ne connaîtront plus (ou moins !).
Alors, que fait-on contre les maladies ?
Quelle solution avons-nous aujourd’hui pour ne pas subir les nouvelles maladies ?
2 options sont envisageables :
- Soit nous partons du principe que d’ici quelques années, la nourriture, le mode et le cadre de vie seront tellement dégradés que notre organisme, trop affaibli, passera en état pathologique. Nous serons malades régulièrement et de façon soudaine. C’est l’option passive et incontrôlée.
- Soit nous faisons tout pour conserver un mode de vie plus proche de notre patrimoine génétique et physiologique actuel afin de permettre à notre organisme de s’adapter progressivement à un contexte donné, de se renforcer et de développer un système immunitaire fort et une réponse immunitaire progressive. C’est l’option active et contrôlée.
C’est exactement la démarche soutenue par la nutritique.
Les grecs, subissant de plein fouet les maladies du néolithique, avaient compris que la résilience d’une population passait par une résistance progressive à ces nouvelles maladies (le principe hormétique) et à la complémentarité entre tout élément vivant.
Un pathogène ou une bactérie sont liés à l’homme de la même façon que l’oxygène. C’est simplement l’utilisation qui en est faite par notre organisme et sa réaction qui diffèrent. C’est ce qu’étudie la pathogenèse. Quand un processus métabolique sort de périmètre d’action initial, il évolue vers la maladie (dégénérescence cellulaire par exemple).
Il faut donc aider le corps à conserver des processus métaboliques optimaux. Les grecs ont donc volontairement soumis dès le plus jeune âge, et de façon homéopathique, les individus à la nature, aux éléments et aux pathogènes afin de les engager dans la matrice naturelle. Un équilibre subtil s’établit alors entre l’homme et son environnement. Certains survivaient, d’autres non.
Nous sommes exactement dans le même cas de figure aujourd’hui à la différence près que nous disposons d’un arsenal de médicaments à notre portée pour contrebalancer les effets des maladies. Nous ne nous rendons plus compte que notre santé est fragilisée car nous pouvons lutter artificiellement contre la maladie grâce aux médicaments.
C’est là que débute le cercle vicieux. Nous nous fragilisons, nous tombons malades, donc nous nous fragilisons davantage. Nous prenons alors un médicament pour masquer la maladie sans solutionner la cause, guérissons temporairement mais plus affaiblis, et nous retombons malades et développons de nouvelles maladies spécifiques…. A l’échelle d’une population, le constat est effrayant. La situation de notre santé générale est donc pire qu’au Néolithique pour la simple raison que nous maintenons les individus dans un état de santé approximatif et artificiel plutôt que de les voir mourir.
Le tour de magie de l’espérance de vie vient de là…
Garder une population vivante mais malade ne garantit en rien la pertinence des progrès apportés par une civilisation. Le progrès, c’est lorsqu’il sert l’espèce et son environnement. Pour le moment, nous ne servons aucun des deux. et c’est précisément notre système de santé qui est à l’origine de cette situation.