Aujourd’hui, je vous propose de découvrir comment apporter à votre enfant un système digestif solide et résistant aux infections, à la prolifération de mauvaises bactéries et de parasites. En effet, du fait de leur âge, les nourrissons et les bébés n’ont pas encore les intestins susceptibles d’affronter correctement le monde qui les entoure. Il est donc essentiel de les aider à établir et entretenir un environnement intestinal sain. Ils ont besoin de votre expertise et de vos conseils de parents.
Vous devrez même parfois les laisser réaliser des activités que vous pourrez juger sales ou dangereuses (certains objets, jouer par terre dans certains lieux…) pour sa santé alors qu’à l’inverse, ces activités sont essentielles pour le développement et la résilience de son microbiote intestinal.
Il faut bien comprendre en effet que le bon développement de la flore intestinale de votre enfant sous tend celui de son système immunitaire actuel et futur, de sa tolérance aux aliments, de sa résistance aux infections et aux maladies (intestinales, bactériennes et virales). Vous comprenez donc que votre implication dans le développement de son microbiote vous assurera de lui assurer une meilleure santé dans toute sa vie d’enfant… puis d’adulte. Car oui, vous le verrez, il existe une mémoire du microbiote intestinal que vous gardez ensuite toute votre vie. Ainsi, un développement réussi avec une flore intestinale variée en tant que bébé, assurera de conserver ou de restaurer (suite à une gastro-entérite ou une intoxication par exemple) facilement ce microbiote tout au long de sa vie. Vous comprenez l’enjeu ? Alors, comment faire pour mettre toute les chances de con côté ? Suivez le guide :
Avant la naissance
Évitez l’obésité gestationnelle
L’obésité gestationnelle crée un environnement placentaire inflammatoire pouvant prédisposer le système digestif votre enfant à une inflammation chronique voir une porosité intestinale dès la naissance. Cette inflammation, couplée à une certaine porosité des intestins peut mener, a terme, à de nombreuses maladie auto-immune, parfois très invalidantes. Alors, ne prenez pas de trop de poids pendant la grossesse. Évitez a tout prix l’obésité gestationnelle en modifiant de façon marquée votre régime alimentaire AVANT de tomber enceinte car il est toujours difficile (et contre-indiqué d’ailleurs) de mener un régime pendant votre grossesse.
Évitez le Gluten
Différentes études menées sur des rongeurs ont montré qu’un régime sans gluten mené pendant la grossesse contribuait à un meilleur développement de la barrière intestinale et réduisait la survenue de diabète de Type 1 (insulino-dépendant) chez les nouveaux-nés, même chez les non-cœliaques.
Prenez des Probiotiques et consommez régulièrement des aliments (lacto)fermentés (Choucroute, kombucha…)
Il est communément admis par la communauté médicale et en particulier par les pédiatres que votre fœtus se développe dans un milieu stérile et que son microbiote intestinal ne connait sa première révolution bactérienne à la naissance, lors de son passage dans l’utérus de la maman. Pourtant de nouvelles études montrent que cette croyance est fausse et infondée. En effet, on trouve des bactéries dans le liquide amniotique, le cordon ombilical et le placenta. La colonisation de l’intestin de votre futur bébé commence donc dès le début de votre grossesse et l’utilisation de probiotique et d’aliments fermentés aura un impact direct sur la typologie de colonisation bactérienne dont bénéficiera votre bébé.
Surveillez vos apports nutritionnels et évitez les aliments agressifs
Les nutriments utilisés pour renforcer votre propre barrière intestinale sont les mêmes que ceux utilisés pour le développement de la barrière intestinale de votre fœtus. Ainsi, les aliments agressifs (piments, gluten, légumineuses mal préparés…) pour votre barrière intestinale auront le même effet sur celle de votre fœtus.
A la naissance
Si possible, réalisez une naissance par voie basse.
S’il est vrai que la colonisation bactérienne commence in utero, l’exposition la plus importante aux bactéries (bonnes et mauvaises d’ailleurs) à lieu pendant la naissance elle-même, lors du passage de votre bébé dans votre utérus puis le vagin puis dans la pièce dans laquelle vous vous situez (maternité, maison….). et vous le savez maintenant, la colonisation bactérienne est essentielle à la santé de votre bébé. Cela ne se produit uniquement que lors d’une naissance naturelle par voie basse.
Évitez la césarienne sauf si elle est indispensable
La césarienne est un geste chirurgical qui n’est pas anodin. Il est avant tout destiné à assurer une naissance réussie pour la maman et l’enfant en limitant au maximum les risques encourus.
Si celle-ci est indispensable selon votre obstétricien (en raison de difficultés liées à votre grossesse ou à la naissance elle-même), ne la refusez pas. Pour autant, si vous avez le choix de donner naissance par voie basse ou par césarienne, sachez que les enfants nés par césarienne ont une diversité bactérienne dans leur microbiote beaucoup moins fournie en bonnes bactéries que ceux nés par voie basse. Leur système immunitaire s’en trouve alors particulièrement affaibli. Par ailleurs, les garçons nés par césarienne seraient davantage sujets à la maladie de Crohn, et les bébés fille ou garçons seraient quant à eux davantage exposés à une future maladie cœliaque (allergie au gluten).
Malheureusement, une étude précise que le fait d’allaiter votre enfant après une césarienne ne suffit pas à apporter suffisamment de diversité au microbiote et à la flore intestinale. Du coup, complétez votre alimentation par des souches de probiotiques spécifiques offrira à votre bébé un énorme coup de pouce.
Préférez une naissance à la maison
Si votre grossesse se déroule parfaitement, que vous n’avez aucun risque spécifiques identifiés, que vous êtes accompagnés par de bons professionnels et que vous vous sentez à l’aise avec ça, n’hésitez pas à donner naissance chez vous ou dans une maison de naissance. Une étude récente à montré que les enfants nés à la maison et allaités avait un microbiote intestinal mieux fournis en « bonnes » bactéries.
Après la naissance
Allaitement
Peut être le plus important pour votre bébé. Le lait maternel, le lait le plus naturel et physiologique que vous pourrez lui apporter, contient des souches de probiotiques particulièrement efficaces qui vont coloniser rapidement les intestins de votre bébé et des prébiotiques indispensables à l’activité de ces probiotiques. Mais le lait maternel possède également un grand nombre de nutriments uniques qui contribueront à la santé du système digestif de votre bébé. Si vous pouvez allaiter, faites-le le plus longtemps possible. Je reviendrais sur ce point dans un prochain article mais il est possible d’allaiter votre enfant pendant plusieurs années (a vrai dire, tant que vous produisez du lait et que votre enfant le demande. 2 ans est excellent).
Le cas échéant, ne vous imposez pas cette souffrance et ne culpabilisez pas. En aucun cas. Sachez qu’il existe d’autres solutions (un consultant en lactation, tirer son lait ou trouver une « donneuse » de lait…) pour donner du lait maternel à votre enfant.
Mais retenez que si vous allaitez, vous devez en parallèle adopter une alimentation particulièrement saine, bio, protéinée et végétale du fait que les nutriments que vous ingérez finissent dans le lait que vous produisez.
Lait industriel
Si vous n’allaitez pas, privilégiez le lait « maternisé » industriel de chèvre car, contrairement au lait de vache ou de soja, ces laits apporterai à l’enfant des bactéries similaire aux enfants allaités. En effet, le lait de chèvre contiendrai des glycanes proches du lait maternel.
Recherchez par ailleurs une formule enrichie en prébiotiques. En effet, les oligosaccharides, composants importants du lait maternel, agissent comme des prébiotiques qui contribuent au développement d’une flore intestinale riche et diversifiée mais également au développement général du nourrisson. Ce type d’oligosaccharides n’est pas encore disponible sous forme de suppléments mais certains prébiotiques agiraient a peu près de la même façon. Une étude récente à par ailleurs montré que les Fructo-oligosaccharides (FOS), et celui-là en particulier, permettrai le développement d’un « microbiote proche de celui obtenu par l’allaitement« . Est-ce aussi bénéfique que le lait maternel non. Mais c’est toujours bien mieux que rien.
Laissez-les jouer dehors !
Jouer dehors est un booster de santé pour de nombreuses raisons. Tout d’abord, en laissant votre enfant jouer au soleil régulièrement, il fait le plein de Vitamine D, un nutriment essentiel à la croissance d’une bonne muqueuse intestinale. De même, si votre enfant joue dehors, il sera exposé à la terre, au bois et la poussière qui contiennent de bonnes et de mauvaises bactéries. Or, les intestins de l’homme ont toujours évolué dans un milieu riche en bactéries variées, non dans un milieu stérile. C’est du bon sens. Pour permettre à ses petits intestins de répondre aux attaques bactériennes, il lui faut les connaitre régulièrement par une exposition régulière au sol, à l’herbe et à la terre. Pour votre enfant, jouer dehors, faire des pâtés de terre et goûter les saveurs qui l’entourent sont une condition sine qua non à l’enrichissement de sa flore bactérienne, dès le plus jeune âge. En conclusion, ne craignez pas de la laissez s’amuser dans le jardin, ses intestins sont faits pour ça.
Laissez-les jouer avec d’autres enfants, même (et spécialement, oui oui) ceux qui ont le « nez morveux » !
Si vous avez suivi au maximum les conseils ci-dessus, votre enfant devrait normalement avoir un système intestinal et immunitaire en pleine forme, ce qui a pour principal avantage de le protéger des nombreuses bactéries environnement, même celle provenant d’enfant enrhumés ou malade. Au contraire, dans ce cadre, votre enfant bénéficiera même d’une exposition temporaire mais régulière aux microbes des autres enfants ! En évitant le contact avec d’autres enfants (crèche, école, sortie…) vous favorisez un terrain allergène et immunitaire déficient.
Ne demandez pas d’antibiotiques à la première maladie venue
Vous le savez déjà, »les antibiotiques, c’est pas automatique« . Il y là effectivement un double problème : Les antibiotiques affaiblissent de façon importante la flore intestinale de votre enfant (et la restaurer n’est pas chose aisée si celle-ci n’était déjà pas très développée avant la maladie) et entrainent, à long terme, une antibio-résistance pouvant poser de gros problèmes à votre enfant, devenu adulte. Vous le faite peut être déjà pour vous, alors, pourquoi ne le feriez vous pas pour votre enfant ?
Les antibiotiques sont des outils incroyablement efficaces pour guérir de graves infections mais sachez que, d’une part la plupart des maladies infantiles disparaissent d’elle-même en quelques jours et que d’autre part, les maladies dites virales (Rougeole, Rubéole, Roséole, Mégalérythème épidémique, varicelle…) ne répondent pas aux antibiotiques. Alors, ne demandez pas des antibios dès les premiers symptômes de la maladie (fièvre). Votre médecin généraliste et votre pédiatre sont garants du suivi de la prise d’antibiotiques de votre enfant, notamment au travers du carnet de santé. N’hésitez pas à leur demander de vérifier les précédentes prises d’antibiotiques et d’évaluer au plus juste le besoin en antibios à ce moment précis de la maladie de votre petit.
Conclusion
Toute ces indications ne garantissent pas pour autant que votre petit aura un microbiote en pleine santé et résistant à toutes les maladies mais les suivre lui apportera sûrement une excellente base pour maintenant… et pour plus tard.