Cette période, qui commence il y a 3,2 millions d’années et qui laissera place au Néolithique il y a environ 12000 ans, est essentielle car à l’origine des premiers hommes (toutes les espèces du genre Homo dont l’homo Habilis, homo Erectus, Homo Neanderthalensis et bien sûr Homo Sapiens) et surtout parce qu’elle représente 95% de la période d’existence de notre espèce.

Ce qu’il faut savoir

La préhistoire

Cette période de la Préhistoire est aussi celle au cours de laquelle l’homme, grâce à un développement sans précédent de ses capacités intellectuelles, apprendre à exploiter les ressources naturelles, le feu notamment, et les techniques de chasse.

Un cousin des grands singes

L’homme de cette époque est un chasseur-cueilleur vivant en tribu nomade, à l’instar des primates. Le groupe évolue quotidiennement dans un périmètre qu’il maitrise et ne s’aventurera au delà que lors de périodes de chasse et de la conquête de nouveaux territoire. Il assure l’essentiel de sa survie grâce à une organisation hiérarchique primaire au sein de laquelle tout le monde à un rôle à jouer, y compris les enfants.

Les premiers primates et les premiers hommes étaient essentiellement végétariens. Toutefois leur alimentation assure un apport non négligeable en protéines au travers de la consommation d’insectes et de petits animaux. Nous sommes un cousin de ces grands singes, une branche de cette grande famille ayant évoluée différemment des primates. Nous ne descendons donc pas du singe mais sommes une évolution spécifique de cette espèce, une “branche” de cette grande famille nommée “Hominidés” apparue il y a 7 million d’années.

A l’époque, différentes espèces d’ Hominidés voient le jour (Homo Habilis, Homo Erectus, Homo Néanderthelensis, Homo Sapiens…) L’Homo Sapiens, l’homme tel que nous sommes aujourd’hui semble être une association génétique entre l’Homo Sapiens du Paléolithique et celle de l’Homme de Néanderthal qu’il aurait rencontré au cours de ses migrations. Les 2 espèces ont donc cohabitées un temps sur la planète, avec les grands singes que nous retrouvons aujourd’hui.

Notre alimentation reposait donc, au cours du Miocène sur la même base que celle des primates : Des végétaux en majorité (végétaux, pousses, fleurs, bourgeons, jeunes feuilles, tubercules, baies, noix et racines) des insectes (sauterelles, criquets, vers, larves..), des rampants, des œufs , de petits animaux (rongeurs et oiseaux) et des singes, à l’instar de leur congénères.

C’est pendant le Pliocène qu’une petite révolution se produit.
La descente des arbres et l’apparition de la bipédie (bipédie liée, en fonction des hypothèses, à l’entrée en savane et à la marche au travers des rivières, obligeant les primate à se redresser), chez les Australopithèques, nous a permis de prendre le dessus sur les autres espèces et de chasser des animaux, autrefois difficile à attraper. Désormais debout, relevé, notre capacité à saisir des pierres et de les lancer ou de prendre des bâtons pour assommer nous à donc offert une voie évolutive décisive dans l’histoire de l’espèce humaine. Et c’est tout notre régime alimentaire qui s’en est trouvé bouleversé.

L’introduction de la viande

L’homme introduit alors une part plus importante dédiée à la viande provenant principalement du charognage dans un premier temps puis, les techniques et outils évoluant, de la chasse puis de la pêche. C’est Homo Sapiens qui se lança le premier dans l’eau et sur les bords de l’océan trouvant ici une source de nourriture riche en protéines et plus simple à attraper que la viande. Il consommait 65% de végétaux pour 35% d’animaux. Il semble que Neandertal était quant à lui, un carnivore né, consommant principalement de la viande à hauteur de 85% de ses calories !!

Le développement des techniques de conservation (fumage, séchage et même congélation dans la terre glacée) de la viande permettra aux chasseurs-ceuilleurs du Paléolithique d’optimiser leurs apports en viande mais aussi son stockage. On sait aujourd’hui que ceux-ci on consommé davantage de viande séchée et de noix au détriment des fruits, des graines et légumes lors de leur déplacements et périodes de chasse, les protéines et les lipides étant naturellement plus rassasiantes et énergétiques dans un contexte ou le glucose n’était pas leur première source d’énergie (particulièrement en hiver). N’oublions pas que l’énergie dépensée chaque jour, à courir, sauter, marcher, porter, escalaler… justifiait la consommation de plus de  3000 kcalories.

Cette augmentation de la consommation d’animaux, et donc de protéines et de graisses, favorisera une autre augmentation : Celle de la taille de nos intestins et de notre foie , mieux adaptés à la digestion des protéines animales qu’avant, alors que la maîtrise de la cuisson, du fumage et du séchage des aliments (animaux et végétaux) aurait permis l’augmentation de notre cerveau, au regard d’un apport en nutriments globalement beaucoup plus élevé.

Comme on peut le noter sur l’illustration de gauche, nos organes digestifs sont bien différents de ceux des primates, des intestins et surtout un côlon 2 fois plus courts (avec une longueur moyenne de 6 mètres) n’ayant pas besoin de digérer des fibres de cellulose et celle de notre foie, plus gros pour mieux métaboliser les graisses animales et les diverses toxines, issues entre autre de la cuisson des aliments.

Nous pouvons clairement comprendre que nous ne sommes ni totalement carnivores, ni totalement herbivores. Nous sommes à même de digérer et d’absorber autant les produits animaux et végétaux (crus ou cuits) grâce à un mécanisme évolutif spécifique mais ne sommes définitivement pas adaptés à la consommation unique de légumes et plantes crues ou de fruits non mûrs que nous aurions bien du mal à digérer. Même chose pour les légumineuses et tubercules insuffisamment cuits ou non germés.

Les hommes du Paléolithique sont grands et solides, plus grands que les hommes d’aujourd’hui (entre 1m70 et 1m80). Ils ne souffrent pas de carences, n’ont pas de carie, d’ostéoporose, de goutte ou d’infection virales, pathologies qui arriveront, nous le verrons à partir du Néolithique.

Au Paléolithique moyen et supérieur, et en particulier le long des côtes, les hommes découvrent de nouvelles techniques leur permettant d’attraper des poissons, en complément des mollusques et autres crustacés qui augmentent alors leurs apports en acide alpha-linolénique, le chef de file de la famille oméga-3.

Les hommes du Paléolithique consomment la totalité des animaux chassés ou pêchés. La peau, les tendons, la moelle, les muscles et les abats (cerveau, foie, reins, cœurs, intestins) qui leur procurent près de 30% de leur calories en protéines soit 2 fois plus que les apports modernes. Ces derniers leur apportent en outre de bonnes doses de cholestérol et de nutriments essentiels, tels le collagène, la glycine (dont elle est issue) ou le coenzyme Q10 (nutriments que l’on ne trouve que dans des quantités bien moindres dans notre alimentation moderne ), ayant probablement constitué un élément clé de l’évolution du cerveau humain. C’est l’une des raisons pour laquelle il est important de continuer à manger, 1 fois par semaine environ, des abats (Cœur, cervelle, reins, foie…) et des morceaux riches en collagène (pieds de porcs, bouillons d’os, côtes…) Bios et d’origine local si possible (le cas échéant de se supplémenter)

Pour autant, cette viande sauvage et musclée, se rapprochant du gibier, est beaucoup moins grasse (en moyenne 5% de matières grasse) que celle d’aujourd’hui, généralement issue d’élevages (à 15 voire 35% de matière grasse très riche en Omega 6 pro-inflammtoire). Cette viande maigre, et en particulier les très jeunes animaux, constituaient un ratio en acides gras essentiels Oméga 6 / Oméga 3 physiologiquement idéal de 1 pour 1 (contre 20 pour 1 de nos jours en moyenne). Il faut noter d’ailleurs qu’occasionnellement, lors de la chasse de femelles gestantes ou allaitantes, les hommes consommaient probablement d’infimes quantités de colostrum et de lait animal, provenant des pis de l’animal, également consommés.

Leurs apports en graisse à l’instar de leurs apports caloriques, ne sont pas stables tout au long de l’année. Généralement bas, autours de 22% des calories, les apports lipidiques peuvent augmenter drastiquement lorsque la chasse est bonne et la végétation en sommeil, notamment en hiver où s’ils se trouvaient dans des zones géographiques bien fournies en animaux.

Cette graisse si précieuse leur permettait de stocker de l’énergie pour l’hiver et d’optimiser leur résilience sur la période froide. Il n’y avait donc pas de règle absolue en ce qui concerne la consommation de graisses à cette époque mais l’homme à développé un système biologique unique. Une capacité fantastique à stocker la graisse exogène (provenant des aliments) puis à la brûler pour la restituer sous forme d’énergie, notamment grâce au foie. Cette évolution lui a permis, au travers d’un mécanisme physiologique unique, de faire face aux aléas de la chasse et de la pêche et d’optimiser sa résistance à l’effort physique, aux maladies et au froid (thermogenèse)

Les hommes de Néandertal, adaptés aux régions froides, ont développé une cage thoracique spécifique permettant de stocker davantage de graisse (animales) autour des organes digestifs pour améliorer leur stockage d’énergie et la conservation de chaleur. On peut également noter que les premiers hommes suivaient les rythmes circadiens et le principal repas de la journée s’alignait avec l’arrivée de la nuit. Manger en fin de journée stimule la sécrétion d’insuline par le pancréas et donc favorise le stockage de la graisse dont ils avaient besoin. Les scientifiques redécouvrent aujourd’hui cette fantastique capacité humaine notamment au travers du régime cétogène dont le principe repose sur ce même mécanisme physiologique.

Enfin, on sait aujourd’hui que la journée des premiers hommes n’était pas constituée de 3 gros repas, comme notre paradigme occidental moderne mais d’un seul repas principal, généralement pris le soir au cours duquel était consommés les produits de la chasse / pêche du jour. Ce mode de consommation structure aujourd’hui les recherches scientifiques faites sur les effets du jeûne intermittent.

Les végétaux à la base du régime alimentaire Paléolithique

Ce régime flexitarien, restait toutefois au début principalement composé de végétaux (plantes, racines, tubercules, fleurs, herbes sauvages et à l’occasion et de façon très anecdotique, quelques rares graines sauvages ressemblant de loin à nos lentilles ou nos graminées actuelles) du fait de la complexité et des difficultés relatives que pouvaient parfois rencontrer les hommes pour capturer un animal.

Les plantes de cette époque sont nettement plus riches en protéines que les végétaux modernes, et surtout plus généreuses en vitamines, minéraux et composés phytochimiques, améliorant grandement le métabolisme de base des hommes.
Il est d’ailleurs fort peu probable de trouver aujourd’hui les mêmes fruits et légumes que ceux du Paléolithique. Nos végétaux, issus de manipulations génétiques, ont perdu de très hautes qualités nutritionnelles, même en bio. A l’inverse, nous bénéficions d’une plus grande variété avec des composants nutritionnels intéressants à plus d’un titre.

Malgré tout, les apports en vitamines en minéraux des végétaux de cette époque sont alors beaucoup plus importants que ceux dont nous disposons aujourd’hui. Au quotidien, un chasseur-cueilleur trouvait dans son alimentation :

  • Près de 600 mg de Vitamine C (100mg aujourd’hui)
  • 10g de potassium (2,5 g aujourd’hui)
  • 0,7 g de chlorure de sodium en moyenne (contre 7 à 8 g aujourd’hui)

Enfin, notons que les chasseurs-cueilleurs du Paléolithique trouvaient une autre source d’énergie dans les fruits et en particulier les baies qu’ils rencontraient au gré de leurs pérégrinations africaines, européennes, eurasiennes puis américaines.

Il est intéressant de noter à ce sujet que ce régime connaissait des variations relatives à la latitude sur laquelle se trouvaient les premiers hommes. Plus végétale près de l’équateur et dans les régions chaudes, elle était plus carné plus on montait en latitude, dans les régions froides.

Ce que j’en pense

Tout d’abord on peut en conclure que, en dépit de modes alimentaires extrêmement diversifié d’une région à l’autre et en fonction de l’époque, l’alimentation de la Période Paléolithique à façonné les contours de notre biologie actuelle et correspond en de nombreux points à l’alimentation la plus proche de notre génétique et la plus respectueuse de notre métabolisme, même si notre physiologie à évoluée, cette évolution fut plus lente que notre capacité à métaboliser un grand nombre de nouveaux aliments.

D’autre part, les études Anthropologiques et Paléontologiques les plus récentes prouvent que non seulement les maladies que nous connaissons depuis quelques siècles (obésité, diabète, maladies cardio-vasculaires, ostéoporose…) n’existaient pas au Paléolithique mais que d’autre part, les hommes et femmes de cette époque, malgré une mortalité infantile très élevée, vivaient probablement aussi vieux que nous, dans un contexte maintes fois plus dangereux (faune et flore sauvages, manque de connaissances et de soins médicaux, infrastructures….) que celui de notre époque avec une robustesse et des capacités physiques dignes d’un athlète de haut niveau.

Ensuite, que la physiologie humaine est complexe et que nos besoins sont inscrits aussi dans des nuances probablement issues de nos ancêtres. Ainsi, des processus évolutifs issus de l’histoire de l’homme permettent aujourd’hui à certains de bien digérer le lait, d’autres les céréales, certains autres enfin, les légumineuses. Mais “bonne digestion d’un aliment” ne veut pas nécessairement dire “intérêt nutritionnel ou santé et longévité”, en particulier dans des quantités excessives .

Notre génétique actuelle repose en partie sur l’origine de vos aïeux. Certains aliments vont naturellement mieux être assimilés par votre organisme du fait de leur origine géographique et de leur reconnaissance par certains de vos gènes. Mais l’inverse est également valable.

Enfin, que notre alimentation est, par conséquent, carencée en vitamines et minéraux du fait d’une modification profonde de nos habitudes de vie et de notre alimentation quotidienne qui ne s’aligne pas avec notre régime alimentaire originel. La Vitamine D, par exemple, est aujourd’hui un facteur de santé déterminant qui vient à manquer dans l’organisme de la grande majorité des Français. Et c’est pour cette raison que certains suppléments alimentaires trouvent leur intérêt de nos jours.

Nous pouvons donc conclure que l’alimentation du Paléolithique est probablement une base d’études nutritionnelles intéressante pour mieux comprendre la physiologie humaine actuelle. Elle nous aide à mieux comprendre les évolutions métaboliques et physiques dont nous sommes tous issues.

Enfin, analyser ce régime alimentaire nous permet aussi d’analyser comment les changements diététiques intervenus au Néolithique ont impactés, sur le long terme, la santé des hommes malgré une adaptation relative de notre génétique.