Au cours des dernières années, de nombreuses études ont montré qu’un sommeil de qualité améliorait significativement les capacités motrices des athlètes juniors, amateurs et d’élite dans des sports aussi divers que le tennis, le basket-ball, le football, le football et l’aviron.

À tel point qu’en 2015, le Comité International Olympique a publié un consensus soulignant l’importance cruciale et l’apport essentiel du sommeil dans le développement des athlètes, hommes et femmes, et ce dans tous les sports.

J’ai même fait le pari d’intégrer le sommeil dans la stratégie de performance des sportifs que je peux accompagner. C’est un moyen facile à mettre en oeuvre et légal d’améliorer la performance sportive.

Un sprinteur professionnel ou un bodybuilder va en moyenne utiliser 65% de son énergie disponible journalière sur 1h d’entrainement. Nos ancêtres avaient une répartition de la dépense d’énergie plus progressive, tout au long de la journée avec des pics d’intensité (chasse, combat, travail de force…). Or, ces mêmes ancêtres avaient, à quelques exceptions près, un tendance à se blesser beaucoup moins élevé que les sprinteurs ou bodybuilders professionnels. Pourquoi ? Ce n’est pas l’échauffement puisque l’échauffement n’existait pas chez nos ancêtres et reste une pratique très récente.

Il se trouve que le sommeil joue un rôle prépondérant. La synchronisation moteur de votre corps dépend de la vivacité de votre esprit au climax de l’effort. En d’autres termes, plus vous êtes fatigué, moins votre esprit sera capable d’anticiper l’erreur de position ou de trajectoire que vous prenez au moment de l’effort maximum.

Plus de 750 études scientifiques qui ont examiné la relation entre le sommeil et la performance humaine, dont beaucoup ont étudié spécifiquement les athlètes professionnels et d’élite.

Si l’on dort moins de huit heures par nuit, et surtout moins de six heures par nuit, on obtient les résultats suivants :

  • Le temps disponible avant épuisement physique diminue de 10 à 30 %, et la production aérobie est considérablement réduite.
  • Des déficiences similaires sont observées au niveau de la force d’extension des membres et de la hauteur de saut vertical, ainsi que des diminutions de la force musculaire maximale et de la durée de contraction isométrique.
  • À cela s’ajoutent des déficiences marquées des capacités cardiovasculaires, métaboliques et respiratoires qui entravent un corps peu reposé, notamment une accélération de l’accumulation d’acide lactique, une réduction de la saturation en oxygène du sang et une augmentation inverse du dioxyde de carbone dans le sang, due en partie à une réduction de la quantité d’air que les poumons peuvent expirer et de la VO2Max.
  • Même la capacité de l’organisme à se refroidir pendant un effort physique par la transpiration, une partie essentielle de la performance sportive, est compromise par la perte de sommeil

Et puis il y a évidemment le risque de blessure. C’est la plus grande peur de tous les athlètes de compétition et de leurs entraîneurs. Un vrai manque à gagner pour les équipes et… leurs investisseurs…

Dans le contexte des blessures, il n’existe pas de meilleure police d’assurance pour réduire les risques de ces investissements que le sommeil. Décrit dans une étude sur les jeunes athlètes de compétition en 2014, il a été clairement montré qu’un manque chronique de sommeil tout au long de la saison prédisait un risque de blessure massivement plus élevé.

Vu le prix que sont payé nos joueurs de football, il me semble qu’au même titre que leur alimentation ou leur entraînement physique, le sommeil des joueurs devraient être largement considéré dans le plan de progressivité et de performance des entraîneurs.

La plupart des sportifs que j’ai pu encadrer sont toujours surpris quand je leur dis de dormir 10h/nuit les 3 jours qui suivent un match / épreuve importants. Le sommeil après une performance accélère la récupération physique d’une inflammation courante, stimule la réparation des muscles et aide à reconstituer les stocks de glycogène.

Notez que les ruptures d’un ligament croisé lors d’un squat chargé sont 18 fois plus fréquents chez les sportifs ayant dormi moins de 8h la nuit précédent la performance et 34 fois plus fréquent chez les footballeurs !

Il a été démontré par exemple que, chez les Kitavans, une tribu de chasseurs-cueilleurs authentiques, les chasseurs, de retour d’une traque fructueuse, dormaient en moyenne 1h30 de plus chaque jour pendant 3 jours pour récupérer totalement.

Bien sûr, la plupart d’entre nous ne jouent pas dans des équipes sportives professionnelles et ne chassent pas, encore moins comme les Kitavans. Mais beaucoup d’entre nous sont physiquement actifs tout au long de leur vie et acquièrent constamment de nouvelles compétences. L’apprentissage moteur et la santé physique en général font partie intégrante de notre vie, du banal (apprendre à taper sur un ordinateur portable légèrement neuf ou à texter sur un smartphone de taille différente) à l’essentiel, (comme les chirurgiens expérimentés apprenant une nouvelle procédure endoscopique ou les pilotes apprenant à piloter des avions totalement nouveaux).

C’est pourquoi nous continuons à avoir besoin du sommeil pour progresser et évoluer, mais aussi pour nous protéger des maladies et des blessures. Pour les parents, le moment le plus important de l’apprentissage moteur d’un enfant se situe dans les 2 premières années, lorsque nous commençons à nous lever et à marcher. Il n’est donc pas surprenant de constater un pic de sommeil profond, juste au moment où le nourrisson passe du rampement à la marche.

Le stade de sommeil n’est pas un moment de perte de productivité ou moins important que le stade éveillé. Il est une composante essentiel de la santé et de l’équilibre. Mais n’oubliez pas qu’il est aussi un moyen fondamental de vous protéger des blessures lors de vos sessions d’entrainement.