Les Premières Nations sont les peuples autochtones canadiens qui ne sont ni des Inuits ni des Métis. Sur plus d’un million de personnes qui se définissent comme autochtones au Canada, 64 % font partie des Premières Nations. Ils se répartissent en 50 nations ou groupes linguistiques et 617 communautés. La majorité (54 %) des membres des Premières Nations vivent en milieu urbain et non plus en réserve.

Au cours des dix dernières années, le taux de suicide chez ces populations à massivement augmenté. Plusieurs tentatives bien intentionnées ont été faites pour le réduire mais n’ont toutefois pas permis de réaliser une avancée majeure. La raison de l’augmentation du taux de suicide, qui touche principalement les jeunes, n’est pas vraiment connue ni identifiée.

Une augmentation du taux de suicide a également été signalée pour d’autres autochtones du Nord, notamment les Inuits du Groenland, où les initiatives gouvernementales visant à prévenir le suicide n’ont pas non plus eu d’effet majeur.

Ces mêmes autorités estiment que ces taux de suicides seraient intimement liés à l’éclatement des familles, des communautés, des structures politiques et économiques, à la perte de la langue, de la culture et des traditions, l’exposition aux abus, la transmission intergénérationnelle des traumatismes et la marginalisation.

Meme s’il est évident que les disparités socio-économico-culturelles et la précarité en particulier ont un impact aggravant sur ces taux, il semble que la racine du problème serait plus spécifique.

Tout d’abord, on s’aperçoit que les personnes les plus touchées font partie des populations ayant évolué d’un mode de vie traditionnel basé sur une alimentation ancestrale (viande, poissons, abats, fruits de mer, légumes et fruits sauvages…) et ses pratiques associées (la pêche, la chasse, la cueillette, le troc, les rites initiatiques et sacré et le nomadisme ou semi-nomadisme) vers un mode de vie urbain, sédentaire modélisé par des métiers manuels ou tertiaires et une alimentation beaucoup plus occidentalisée, c’est à dire riche en féculents, sucres et aliments transformés.

Par ailleurs, on s’aperçoit également que le taux de suicide diminue avec l’âge. Ce sont les personnes les plus jeunes, plus consommatrices de produits occidentaux et d’une alimentation très transformée, qui sont touchées par des taux de suicides alarmants. Les anciens, ayant conservé leur mode de vie et leur alimentation traditionnelle, très riche en nutriments essentiels (graisses animales, protéines, vitamines et micronutriments) accusent un  taux de suicide bien moindre, malgré un contexte socio-économique encore plus défavorable que les jeunes. Parallèlement au changement de régime alimentaire, on a constaté une augmentation de l’alcoolisme et de la consommation de drogues dans ces communautés

Quand on compare l’évolution du régime alimentaire de ces populations, on s’aperçois que le changement majeur est intervenu il y a 50 ans avec une augmentation drastique de la consommation de produits alimentaires transformés et bon marché. Cette transformation est également associée à une prévalence de l’inflammation de bas grade et d’une détérioration accélérée des facultés cognitives. Les troubles cognitifs, évalués par les chercheurs canadiens à l’origine de l’étude, touchent également une part majoritaire de personnes entre 30 et 45 ans seulement chez les populations autochtones.

Mais ce n’est pas tout, ce changement alimentaire et de style de vie à fait explosé les taux de diabète, avec une prévalence supérieure à celle des Etats-Unis qui suit la même trajectoire en terme de santé publique. Et lorsqu’on analyse les données relatives à l’évolution de ces pathologies, on constate qu’elles suivent exactement la même trajectoire que le taux de suicide.

Un autre facteur clé est la carence en vitamine C. Cette vitamine, contrairement à une croyance populaire, est très abondante dans les régimes à base de viande et spécifiquement dans les abats comme le foie. Elle a diminué de 60% depuis 1970 et le passage à un régime occidental.

Or, ce n’est pas le seul nutriment qui a diminué drastiquement avec ce changement alimentaire : La vitamine B12, la choline, le fer, le zinc, la vitamine A et la vitamine D sont à des niveaux éminemment trop bas.

On peut aussi mettre en cause une augmentation exponentielle de la consommation d’alcool, de drogues dans les communautés les plus précaires mais qui n’est intervenu que depuis le début des années 2009 et 2010. Le rôle de l’alimentation est indéniable.

Cette évolution négative de l’état de santé des populations autochtones suite au changement de régime alimentaire à été démontré partout sur la planète par de nombreux historiens, anthropologues et biologistes. Du Groenland au Samoa en passant par l’Australie ou l’Afrique du sud, dans tout les cas, le passage d’une alimentation traditionnelle, basée sur des aliments entiers et animaux (il n’existe à date aucune tribu recensée entièrement végétarienne, ni bien évidemment végétalienne) à entraîné une dégradation progressive et inéluctable des populations. Le suicide est un facteur récurrent de cette dégradation et chez les Premières Nations, il est exacerbé.

Les expériences menés par des scientifiques comparant le résultat sur une même population autochtone mais ayant un régime alimentaire soit traditionnel soit occidental ont démontré que le retour à une alimentation traditionnelle entrainait une amélioration spectaculaire de l’état de santé de la cohorte dans 100% des cas !

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